Il y a 35 ans, Ziskakan enregistrait le premier double album de l’histoire musicale de La Réunion. La semaine prochaine, « Péi bato fou » sera de nouveau disponible dans une réédition vinyle. La bande-son de toute une époque.

Dossier : David Chassagne ¢ Photos : collection Philippe de Magnée

En 1983, c’était du grand art. De la magnifique pochette signée Philippe Turpin au moindre son de flûte en passant par des paroles engagées et poétiques, « Péi bato fou » avait été conçu pour être un événement. Et c’en fut un, grâce à des chansons devenues cultes, à commencer bien sûr par « Bato Fou« , signée Axel Gauvin, que Ziskakan doit impérativement chanter à chaque concert. Sinon, la foudre du public s’abattrait sur Gilbert Pounia et ses musiciens. « Péi bato fou » restera comme le premier double-album dans l’histoire de la musique réunionnaise et le voici réédité sous ce même format, en deux disques vinyle, disponible à partir du 19 février sur plusieurs plateformes (1).

C’est le label français « Rebirth On Wax » (« renaissance en cire »), qui a contacté le groupe pour lancer cette réédition qu’appelait de tous ses vœ“ux l’une des plus grandes fans du disque, Maya Pounia, la fille de Gilbert. Quant aux bandes-son, elles ont été fournies par l’homme qui avait enregistré Ziskakan au Crac de Saint-Denis en 1982 : le Belge Philippe de Magnée (lire son entretien par ailleurs). « Dans l’album Romans pou Rico, paru l’année dernière, figure déjà le remastering d’une cassette live de 1982, enregistrée salle Saint-Jean au Port, explique Maya. Pourtant, mon père n’était pas très chaud pour ressortir ces sons qui sonnent un peu vieux. Alors que pour moi, ils racontent toute une époque essentielle de la vie musicale réunionnaise ».

Du coup, republier « Péi Bato Fou » trottait depuis longtemps dans la tête de Maya Pounia. « Moi-même, je n’ai pas le vinyle ! Je l’ai trouvé dans une brocante, un jour, où un monsieur en vendait trois exemplaires à 60 ‚¬ pièce. Je voulais les avoir un peu moins cher, il n’a rien lâché ».

La réédition sera donc en tous points identique au double album original : douze chansons enregistrées en studio qui composent un disque et demi, tandis que la quatrième face contient trois titres enregistrés en public.

Seule différence de taille : la pochette, qu’il n’a pas été possible de conserver faute de réponse de la part de Philippe Turpin, l’auteur cilaosien des magnifiques gravures de l’édition de 1983. À la place, c’est un artiste de Lorient, Fritz Bol, qui a été choisi par le label métropolitain. Comme un clin d’œ“il de l’histoire, cette réédition, comme l’album original, sort un peu plus tard que la date prévue. À l’époque, Ziskakan avait voulu une sortie symbolique le 20 décembre 1982 mais des raisons techniques l’ont retardée. Cette fois, c’est l’engouement pour le vinyle qui a contraint à jouer avec le calendrier : idéalement « Péi Bato Fou » aurait dû sortir pour les fêtes. Ce sera finalement pour lundi, avec des concerts à suivre.

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Le Journal de l’ile de La Réunion
18/2/18

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