Patrimoine Musical de l’Ocean Indien

Patrimoine Musical de l’Ocean Indien

En français, Friends, Mixes&Music

Patrimoine musical de l'Océan Indien Click on it !

Notre ami Philippe de Magnée, ingénieur du son talentueux, qui a officié dans l’Océan Indien pendant 38 ans, notamment responsable du son de PEI BATO FOU, a répertorié :

236 artistes,

473 albums,

soient 5305 titres,

dont 2639 rares ou inédits….

A découvrir d’urgence !!!

Philippe de Magnée, ingénieur du son, concepteur du site internet Patrimoine musical de l’océan indien.
Philippe de Magnée, ingénieur du son, concepteur du site internet Patrimoine musical de l’océan indien.

Entretien avec www.lexpress.mu (19/12/17)

 

Philippe de Magnée, ingénieur du son, concepteur du site internet Patrimoine musical de l’Océan Indien est le «Filou» de la musique mauricienne. Il a mis en ligne des pépites sur le site internet Patrimoine musical de l’océan Indien, lancé la semaine dernière. En quelques clics, on voit surtout que ce Belge connaît mieux la musique mauricienne que bon nombre de Mauriciens.

Pourquoi mettre des trésors du patrimoine musical de l’océan Indien à la portée du plus grand nombre, sur un site internet ? C’est pour kit enn tras.
Une phrase empruntée à Bam Cuttayen, «kit enn tras lor ou pasaz». Quelle trace souhaitez-vous laisser ? Cette phrase vient de la chanson Patriot. Kit enn tras lor ou pasaz c’est valable à la fois pour tous les artistes qui sont sur le site, c’est valable pour moi.

Quelle trace voulez-vous laisser ?
J’ai fait des prises de son pendant 38 ans à Maurice. Bon, pas tout le temps, parce que je suis Belge et j’ai mon métier en Belgique. J’ai 63 ans, je suis en fin de carrière. J’ai eu la chance d’être the right man in the right place. Je suis arrivé ici en 1979, au début des années de braise et de l’éclosion des chanteurs engagés.

Comment êtes-vous tombé dans cet univers ?
C’est à cause de Gaëtan Essoo, qui sort de la même école que moi, en Belgique. Quand il est rentré à Maurice avec son épouse, ils ont été engagés par le Mauritius College of the Air (MCA). Ils ont remarqué qu’il n’y avait pas de véritable ingénieur du son à Maurice. Il y avait des techniciens, souvent des musiciens qui avaient appris sur le tas. J’ai eu un contrat avec le MCA pour un an. Apre mo ti telman kontan sa zil la ki monn res ankor inpe.

Je suis resté jusqu’à ce que Ramgoolam père, Chacha, met mwa deor, à cause de l’enregistrement de Krapo Kriye (NdlR : réalisé en 1981). Pourtant, mon nom n’apparaît pas sur la cassette. Mais tout le monde savait que c’était moi qui l’avais enregistrée. Un jour, la police est venue me dire que mon permis de travail avait été retiré. C’était une excuse. La vraie raison c’est que j’avais donné un gros coup de main aux opposants. C’est vrai aussi que je n’enregistrais que les chanteurs engagés de l’époque.

La porte fermée s’est rouverte
Le gouvernement a changé. Mes meilleurs camarades : Gaëtan Essoo qui était devenu directeur général de la radiotélévision et Rama Poonoosamy qui était devenu ministre des Arts et de la culture. Je reviens pour monter un grand studio, mais gouvernman kase. Découragé, je repars pour La Réunion. C’est l’année où j’ai le plus enregistré : Bato Fou, le double album de Ziskakan, la première cassette de Baster, les deux premiers albums de rock de La Réunion et tant d’autres. Là-bas je me considérais comme un Mauricien, alors, je suis parti.

Vous avez déjà demandé la nationalité mauricienne ?
Jamais.

Vous maîtrisez déjà la langue créole (NdlR : l’interview a été réalisée en créole).
Ma vie est en Belgique. Je suis Mauricien de cœur. J’ai adopté une fille mauricienne et je suis grand-père depuis six mois d’un petit garçon à moitié mauricien.

Vous n’avez toujours pas dit quelle trace vous vouliez laisser.
Justement, en plus d’enregistrer, j’ai collectionné. Je travaille avec ABAIM depuis dix ans. Il y a cinq ans, en parlant de la grosse collection qui est sur mon ordinateur avec Zul Ramiah, Gaëtan Essoo et d’autres camarades, on s’est dit, «ki pou fer ar sa ?» L’idée du site internet a émergé. Mais cela coûte cher. J’ai frappé à toutes les portes, ici comme à La Réunion : le ministère, la MBC où j’ai été consultant etc. Partout on m’a dit que c’était une bonne idée, mais quand je demandais un soutien pour payer la logistique, on m’expliquait, «bidze pena». Un jour, après le décès d’un ami, ma femme me dit : «Si un jour tu meurs, je ne pourrais rien faire avec tout ce qu’il y a sur ton ordinateur. » Des inédits auraient disparu. Je me suis fait un petit cadeau pour ma retraite, j’ai moi-même payé le webmaster et le reste. C’est la trace que je laisse.

L’idée de collectionner le patrimoine musical est venue quand ?
En 1997. Je suis revenu en vacances parce que je voulais montrer Maurice à ma fille qui est Mauricienne et qu’on a adoptée en 1986. C’est là que j’ai trouvé des boîtes de cassettes, chez les camarades, au-dessus des garde-robes. C’est là que l’envie de collectionner est venue. J’ai aussi retravaillé avec le Pôle des musiques actuelles à La Réunion et le label Takamba, pour lequel j’ai enregistré Charlesia Alexis.

Sur le site figure un enregistrement de Michel Legris, portant le label Takamba. Il date de 2014. Quand sortira-t-il ?
C’est un peu triste, j’espère que cela va s’arranger. J’ai enregistré Michel Legris en 2014. Six mois plus tard, il était mort. Suite à un remaniement au Pôle des musiques actuelles, Alain Courbis, le fondateur, est remplacé par une nouvelle directrice. Sa première décision c’est d’arrêter le label Takamba qui ne rapporte pas d’argent. Fanny Précourt, l’ethnomusicologue.responsable de la collection, n’a plus les moyens de continuer. Elle est venue à l’enterrement de Marclaine Antoine et a rencontré la famille de Michel Legris. Sa direction s’est engagée à sortir l’album d’une manière ou d’une autre. Est-ce que ce sera un CD ou sur mon site, ou en digital sur iTunes ? On ne sait pas. C’est un témoignage exceptionnel parce que Michel Legris sante, so bann fami zwe. J’ai mis ça sur mon site avec l’accord du label Takamba, met impe presion pour qu’ils sortent le disque.

Ceci dit, le CD ne se vend plus. J’ai rencontré Yoan Catherine la semaine dernière. Il me dit, «be ki mo fer ?» Je lui ai dit, «met li lor iTunes, to gagn enn ti kas, pa bokou».

Pourquoi ?
À cause des textes. Bam Cuttayen c’est le meilleur poète mauricien. Gilbert Pounia à La Réunion, c’est pareil.

Pourquoi la musique mauricienne n’a-t-elle jamais percé à l’étranger ?
À cause du rythme. C’est un 6/8 que les Européens ne savent pas danser. Pourquoi est-ce que Bob Marley a réussi ? C’est parce que le reggae est facile à danser.

Cela ne tient qu’à la danse ?
Ça ne tient qu’à ça.

Comment les Antillais ont-ils fait ?
Pour un Européen, c’est facile à danser, ça. La biguine, c’est une danse française à l’origine, tandis que le séga c’est vraiment typiquement mauricien. Toutes les tentatives, comme Denis Azor avec Alalila ou Anba laba de Maxime Leforestier, ont été vaines parce que personne ne peut danser cela.

La langue, ce n’est pas un problème. Les Belges quand ils écoutent de la musique américaine, ne comprennent pas ce qui se dit. Prenez Li tourner avec DJ Assad. C’est un chanteur mauricien oui, mais c’est surtout du DJ Assad, un rythme que les jeunes écoutent aujourd’hui.

Ce n’est plus du séga ?
Non. C’est comme le seggae de Kaya, ce n’est plus du séga. Cela a eu une petite aura à l’étranger parce qu’à l’étranger on peut danser sur du Kaya mais pas sur du Michel Legris.

Est-ce que l’évolution de la musique mauricienne emprunte un «move sime» ?
Ce qui passe à la radio, c’est ce que j’appelle du, «mo kontan twa, to kontan mwa, anou al dans sega, ti le la e lolo». Il y a plein de gens – je ne citerais pas de noms – qui continuent dans ce registre, parce que ça marche. Alors que Zulu par exemple a toutes les peines du monde pour vendre 200 CD. Ce style de chansons n’est pas sur mon site et n’y sera pas.

Vous avez trié ?
C’est un site avec (il lit) «de la musique traditionnelle : séga typik, malaya, moutia, des chansons engagées des années de braise à Maurice. Le site est ouvert aux musiques de fusion et aux musiques métissées». Cela veut bien dire, j’espère; que «mo kontan twa, to kontan mwa, anou al dans sega», sa pena, bliye. Bon, il y a quelques exceptions. J’ai fait plaisir à des amis, comme Yoan Catherine, il y a un album de Gérard Louis et de Gaëtan Abel. Pour Serge Lebrasse par exemple, je n’ai mis que les vieux albums, c’est du patrimoine.

Et maintenant que vous avez partagé tous vos trésors ?
Il suffit de trouver enn zeness, un modérateur, quelqu’un à qui on peut envoyer des CD. Je peux mourir (grand sourire).

now avalaible — LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL (1982)

now avalaible — LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL (1982)

Artists, En français, Spiritual Caribbean Jazz

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 LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL by LOUIS XAVIER.

LOUIS XAVIER

LOUIS XAVIER est un artiste complet, sincère et talentueux. Il est à la fois : contrebassiste, guitariste – bassiste, auteur – compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, acteur prolifique et influent de la scène parisienne depuis les années 70. On le retrouve à l’initiative de nombreux projets musicaux et culturels. Son histoire, c’est d’abord une histoire de rencontres et d’amitiés fidèles.

EL CONJUNTO CHUNGO

En 1968, il monte son 1er groupe avec des amis étudiants : EL CONJUNTO CHUNGO. Ce groupe s’appuie avant tout sur une rythmique talentueuse à laquelle s’ajoute le « vocal » (voix solo + chœur), et aussi un instrument mélodique pas toujours facile à trouverLe saxophoniste JO MAKA en entend parler et se rapproche alors de cette fine équipe . Leur collaboration fonctionne immédiatement, les 2 musiciens deviennent rapidement inséparables. Les concerts se succèdent dans de nombreuses salles parisiennes. Agents et producteurs viennent les écouter à chacune de leur représentation. Au vu de leur talent, les propositions ne se font pas attendre, mais les amis refusent de rentrer dans un système qui, bien trop de fois, a brisé cette complicité éclose dans l’amitié, parce qu’un tel système est le plus souvent inféodé au pouvoir absolu et corrupteur de l’argent.  « L’amitié n’a pas de prix » était bien la devise de ce groupe de « copains », de complices, et de frères.

Au début des années 70, LOUIS délaisse un peu la musique. Il rencontre par hasard le batteur d’exception, EDDY GAUMONT. Celui ci le motive à reprendre du service et ils décident alors de jouer ensemble. C’est la naissance du SYNCHRO RHYTHMIC ECLECTIC LANGUAGE. Ils donnent des concerts dans la plupart des salles et clubs de Jazz de Paris, ils fréquentent régulièrement le POP CLUB de JOSE ARTUR où LOUIS va rencontrer le producteur PIERRE LATTES. Une grande histoire d’amitié commence. PIERRE LATTES, entre autre, homme de radio, constatant les connaissances des Musiques du Monde de LOUIS, lui proposera même quelques années plus tard un créneau hebdomadaire sur FRANCE MUSIQUE.

PIERRE LATTES & LOUIS XAVIER

En 1971, EDDY GAUMONT décède tragiquement. LOUIS prend alors le lead du SYNCHRO RHYTHMIC.

En 1973, LOUIS fait la connaissance du pianiste GEORGES-EDOUARD NOUEL, qui intègre rapidement le groupe. Et ce sera dans les années (productives) qui vont suivre la sortie de 2 albums, l’un avec le SYNCHRO RHYTHMIC ECLECTIC LANGUAGE :

LAMBI : une production achevée, originale, inédite presque exclusivement instrumentale,

FRANCK VALMONT : poète-chanteur, auteur/compositeur dont les textes et musiques empreints de force, d’authenticité, d’émotion  auront alors trouvé avec le SYNCHRO, les interprètes à leur mesure.

Ce réseau d’amis, à la fois resserré et ouvert,  s’affirme sereinement et aussi avec force et vigueur pour donner vie à de magnifiques projets artistiques.

En 1975, l’album CHODO de GEORGES-EDOUARD NOUEL, produit par PIERRE LATTES, est enregistré avec LOUIS à la guitare-basse, mais aussi avec SAINT-YVES DOPLHIN (cowbell, guiro, bel-air drum et percussion), DANY CAPRON (conga, cowbell, guiro, ti-bois et percussion), et FABRICE RABOISSON (drums et percussion). LOUIS y compose le magnifique morceau CESCA.

10 et 11 novembre 1977 : LOUIS XAVIER & X PLUS se produisent au FESTIVAL D’AUTOMNE (salle WAGRAM) avec THE LAST POETS. Le show est largement salué pour toute la presse Parisienne.

 

LOUIS XAVIER

1982 : Création de RADIO MANGO

et sortie du LP LADJA : Jazz With a West Indian Soul.

 

DIRECT TO DISC – Enregistrement de LADJA @ TRANSLAB
Enregistrement de LADJA : Jazz With a West Indian Soul @ TRANSLAB

LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL produit par PIERRE LATTES, enregistré au studio TRANSLAB, en prise directe et conditions live, avec la précieuse collaboration de JO MAKA. 

JO MAKA

LADJA : se réfère a la Capoeira, cette danse guerrière des Brésiliens, cette sorte de lutte très acrobatique, qui se pratique au son d’une musique spéciale, laquelle réglemente les différentes phase du combat,

DELITO : thème composé par LOUIS XAVIER en hommage au percussionniste Guadeloupéen ALAIN DELOS,

TROIS ILETS : nom de la commune Martiniquaise d’où est originaire le père de LOUIS XAVIER,

HELIX : du regretté JO MAKA, fait allusion a L.X., initiales du prénom et du patronyme de LOUIS XAVIER, c’est aussi le nom d’une fleur, qui s’ouvre voluptueusement au soleil,

STEPS : toujours de JO MAKA, en appelle à des pas de danse et aux marches d’un escalier qui doit mener a l’extase,

MISS BEE : nom de la compagne de JO MAKA.

MIGAN : en Créole, c’est le nom d’une spécialité culinaire à base de fruits de l’arbre à pain, de viande salée ou de porc salé.

Comme pour l’iceberg, la partie émergée (SYNCHRO-RHYTHMIC-ECLECTIC- LANGUAGE, puis LADJA, X+, …) a quelque peu occulté bien d’autres épisodes des vies musicales immergées marquantes qui ont été celles de LOUIS XAVIER, avant et après l’enregistrement de LADJA.

En effet, avant même la sortie de LADJA son activité musicale est déjà multiforme, car s’il continue à être leader de groupes de noms et de personnels différents (AGOUMAN, J.B.L.F.), il est aussi « sideman », ne s’interdisant pas, lors d’ enregistrements, d’assurer la partie de basse sous la direction d’autres leaders (comme pour l’album de NOEL MCGHIE & SPACE SPIESTRAPEZE), ou lors de concerts (AMBROSE JACKSON) et même d’effectuer des arrangements pour certains titres d’autres artistes en formant, jouant et dirigeant alors des groupes créés spécialement pour la circonstance (Concubin et Concubine d’ANDRE BIALEK). Il lui arrive aussi d’assurer la partition originale de musiques de film, de ballet.

En dépit de cette riche activité musicale, qu’il sélectionne selon ses propres critères, LOUIS XAVIER n’a jamais cessé de se lancer dans d’autres domaines d’activités culturelles – du reste souvent proches de l’activité musicale. Ainsi, ayant été introduit par PIERRE LATTES à FRANCE MUSIQUE pour assurer une émission et ce, à l’époque de LOUIS DANDREL, LOUIS XAVIER va, pendant dix ans, être amené à diriger sur la bande FM une radio associative (tout en produisant dans le même temps quelques émissions cette fois pour FRANCE CULTURE), sans pour autant interrompre un instant toutes ses autres activités, en particulier celles concernant bien sûr la musique.

Ainsi il sera au FER PLAY, à la VIEILLE GRILLE, à LA CHAPELLE DES LOMBARDS, ou dans des salles de concerts ou dans des studios pour enregistrer quelques-unes de ses musiques originales encore inédites à ce jour (dont l’une avec MINO CINELU).

Deux de ces concerts ont heureusement été enregistrés :

– Au THEÂTRE NOIR, en 1983 avec GEORGES-EDOUARD NOUEL, GERARD CURBILLON, CHARLES BARRY etc. d’autres personnalités qui sauront avec bonheur s’intégrer au groupe et lui apporter toute la richesse de leur personnalité, comme ce fut le cas ici avec le clavier JEAN-PHILIPPE RYKIEL.

– En juin 1988, un remarquable concert donné pour la FÊTE DE LA MUSIQUE, en plein air à CACHAN. Il est à noter que la partie sax (ténor, soprano) était assuré cette fois par un célèbre musicien qui vient de décéder et avec qui LOUIS XAVIER avait eu l’occasion de jouer, alors étudiant, dans son fameux groupe, EL CONJUNTO CHUNGO : il s’agit du regretté LOUIS-JOSEPH MARCEL qui, ce jour-là, s’intégra à un tel point au groupe, qu’on était persuadé qu’il en avait toujours fait partie. Pour tous les musiciens du groupe  LADJA c’était comme si JO MAKA était revenu parmi eux.

En 1984, avec comme directeur artistique PIERRE LATTES, il enregistre sur l’album FANM de JOSY MASS.

En 1992, il écrit successivement la musique de deux films d’animation, avec dans une des séquences d’un de ces films, l’intervention d’une chanteuse d’un célèbre groupe.

En 1995, le label MN qui avait produit LAMBI, du SYNCHRO-RHYTHMIC-ECLECTIC-LANGUAGE, rééditait les 4 titres de l’album en y ajoutant 4 inédits issus de la même session.

Il publiait aussi l’album FRANCK VALMONT ET LE SYNCHRO  mais cette fois sous le titre de FRANCK VALMONT, MALÉRÉ.

Il a aussi été directeur musical, chef d’orchestre, musicien, et arrangeur de JOSY MASS. Il l’accompagne sur scène dans de nombreux pays.

En 2011 et 2013, il travaille pour elle, à l’écriture et aux arrangements de plusieurs titres sur 2 albums.

 

 

 

#pressbook :

 

LOUIS XAVIER, X+7 & LASTS POETS

10 et 11 novembre 1977 : LOUIS XAVIER & X PLUS au FESTIVAL D’AUTOMNE (salle WAGRAM) avec THE LAST POETS

Les deux remarquables prestations du groupe à la salle Wagram ont constitué un des évènements les plus importants dans la vie musicale parisienne et française des années 70.

(…) Le groupe est (…) formé à partir d‘un noyau des SYNCHRO RHYTHMIC ECLECTIC LANGUAGE qu’avait fondé (…) EDDY GAUMONT. Il comprenait (…) DOMINIQUE GAUMONT, frère d’EDDY (…) et musicien de MILES DAVIS, (…) JOSY MASSE, (…) HENRI BEDIN (guitare) et GEORGES-EDOUARD NOUEL (claviers), FRANCK VALMONT, les frères LAPIERRE (vocals et guitares), les frères COSAQUE (tambours groska), ALAIN DIES (timbales, dans le sens afro-cubain du terme, bongos, ti-bois, congas), DANIEL CAPRON (ti-bois et congas), JULIEN ANGLIO (congas), RAPHAEL MELT (tambour bel-air), MAURICE MOULANIER (ti-bois), JEAN YVES RIGAUD (violon) et bien sur JO MAKA  (…). Enfin 4 danseuses et danseurs de Calinda : ARLETTE HARTOCK , JOCELYNE LAVERDURE, JOSÉ JEAN MARIE et JOËL JOYAU.

JO MAKA

La prestation de X PLUS a commencé par une entrée en cérémonie (de caractère vaudouisant) par les frères COSAQUE aux tambours groska, ensuite un morceau étrange et fascinant avec un récitatif de FRANCK VALMONT et les réponses vocales et instrumentales véhémentes des musiciens du groupe (…). Cette frénétique improvisation reproduisait, l’atmosphère d’une veillée funèbre aux Antilles au cours de laquelle on célébrait les épisodes marquants de la vie du défunt, une coutume semblable existe en Louisiane, la Calinda (danse interdite durant la période de l’esclavage et prohibée longtemps après l’émancipation, car jugée trop lascive) est alors dansée avec un art consommé.

Ensuite une sorte de « blues à la créole ». Puis une évocation de la musique pratiquée autrefois par les esclaves. Succède au blues un morceau très dur avec une importante partie de violon électrique et de percussion qui symbolise la synthèse des cultures différentes, Une séquence d’inspiration free traduit toute l’ambiguïté de la situation de la culture et des rapports sociaux aux Antilles françaises, en Guyane française, a l’Ile de la Réunion.

JOSY MASS dans un chant magnifique (composé par sa mère et dédié a ses frères) intitulé « COURAGE OH » exalte la révolte contre l’injustice, la misère, le racisme, le paternalisme. FRANCK VALMONT clame un autre chant de révolte,(…) Puis une fantastique improvisation collective avec une partie de Fender bass hallucinante, une percussion démentielle et une extraordinaire partie de GEORGES-EDOUARD NOUEL symbolise l’heureuse synthèse des cultures mondiales dégagées des «systèmes» et proclame les espérances de paix entre les ethnies et les nations. (…) »

(JAZZ HOT – Novembre/Décembre 1977)

En première partie des LAST POETS, LOUIS XAVIER, qui devait être 8, puis s’est retrouvé à 16 + 4 danseurs. On en a eu pour notre argent. Maintenant qu’on a un orchestre nègre intra-muros, j’espère qu’on saura en profiter. Parce que ça en vaut la peine, foi de visage pâle.

(CHARLIE HEBDO – Novembre/Décembre 1977)

(…) C’est cette synthèse de nombreux mondes musicaux différents qui vont du Jazz au Rythmn‘n blues, en passant par la Salsa et, bien sûr, la tradition Antillaise présentée pour deux concerts dans le cadre du Festival d’Automne. Une musique qui illustre à la fois les innombrables courants d’échanges, à l’échelle planétaire, qui (…) témoigne de l’unité des musiques issues de l’Afrique. (…) Les percussionnistes cubains, qui ont tellement influencé la musique de l‘Amérique du Nord, s’appuient brillamment sur le temps fort pour créer leur polyrythmies savantes. Les Antillais, eux, font flotter le tempo dans une indécision savoureuse qui donne beaucoup de grâce aux chants qu’ils accompagnent. Un autre écho de l’Afrique, mais aussi riche, aussi varié que ceux qui ont fait la fortune des descendants de la grande déportation dont les conséquences n’ont pas fini d’étonner. Un écho qui devrait parler de plus en plus fort.

(SEMAINES MUSICALES INTERNATIONALES – Novembre 1977)

En 1980, il joue avec quelques-uns des musiciens qui marquent le plus le courant musical noir de l’époque à Paris : JO MAKA (saxophone), ADOLF WINKLER (trombone), BIBI LOUISON (piano), ALAIN JEAN-MARIE (piano), et d’autres, (…). Chez LOUIS XAVIER, la musique n’est pas figée dans un système, Jazz Afro-Antillais, chants traditionnels, Salsa, free Jazz. Elle est toujours vraie, infinie, dansante.

« Je suis Antillais et la culture Antillaise est ambivalente : quand bien même elle se veut avant tout occidentale du fait historique et politique, l’héritage Africain demeure. Aussi, alors que j’étais nourri de culture Afro-Antillaise, du folklore nègre, du folklore Africain des Antilles, j’apprenais la musique classique dans le même temps, puisque le système le voulait.

Je suis venu à Paris terminer mes études. On ne vient pas souvent de son propre gré en France. Quand on arrive ici, on devient concerné par un tas de choses, tout prend une autre dimension. On est dans un état d’hyper-conscience, d’hyper-sensibilité, et l’on découvre qu’il y a eu un marché de dupes dont nos parents ont été les produits directs.

On essaie alors de faire un retour vers soi-même. Pas un retour forcé, imbécile, outrancier. C’est une démarche philosophique humaine, dans les moindres gestes de la vie, pour découvrir ce qui est soi-même.

De la même manière, cette démarche je l’ai faite dans la musique. Essayer de rester moins en surface, d’aller au-dedans… Je pars de mes racines, avec l’acquis que j’ai eu malgré, ou avec moi, avec ma complaisance, et j’essaie de faire quelque chose, de rester antillais, même si la musique tend vers un universalisme.

(…) Ce qui compte dans la musique, c’est la sincérité. Il faut un certain niveau, un certain état d’esprit. Les fonctionnaires qui font de la musique systématique, ça ne m’intéresse pas. Il faut une musique qui laisse à chacun le soin d’être lui-même, de se remettre en question, de se libérer. C’est une forme de thérapie. Il faut qu’en sortant de là, on se sente bien.

(…) Longtemps la culture occidentale s’imposait sur les autres cultures. Mais l’Occident a pris conscience qu’il existait d’autres cultures, différentes. La démarche n’est peut-être pas volontaire, mais une sorte d’équilibre des cultures est en train de se créer à son insu. Plus que jamais l’Occident reçoit la culture noire, ce n’est pas négatif, Les jeunes occidentaux essaient de retrouver ce que l’Occident avait perdu depuis longtemps, cette purification dans l’art. Ils retrouvent le rythme. Ils vont s’éclater sur la Salsa, ils commencent à ressentir, à taper en mesure. . . Les choses commencent à évoluer… ».

(MUSIQUES NOIRES – 1980)

Le Jazz Antillais de LOUIS XAVIER, c’est un mélange étonnant et détonant. (…). Les drums à l’africaine ont remplacé la batterie, le violon des îles, le classique saxo et le piano côtoient la guitare électrique. Cela ne ressemble en rien au jazz de la radio -— vous savez, le dimanche soir, sur FRANCE INTER ou RTL. Et cela n’a que de très lointains rapports avec les ancêtres de la Nouvelle Orléans. Mais c’est du jazz, indiscutablement par la qualité du « rythme et de l’improvisation, par ces mélodies décortiquées et sans cesse recrées, qui vous prennent au fond des entrailles et vous font battre un peu plus vite le coeur. Mais il y a plus que cela : une nostalgie lancinante des îles, une nostalgie presque palpable, (…). Et, il y a surtout ce refus constant de la facilité, du déjà vu, du médiocre.

(…) Le théâtre fait salle comble chaque soir pour les récitals de ce Jazz Antillais. Et l’expérience de LOUIS XAVIER est une évasion perpétuelle d’un ghetto culturel qui les cerne sans jamais les retenir. Il n’est pas facile, il est vrai, d’être Noir Antillais à Paris, de faire du jazz et de ne point porter un nom anglo-saxon aux consonances musulmanes, type black-muslims, puisqu’ainsi en a décidé le show-biz. Mais la tentative est courageuse et digne d’intérêt.

(AFRIQUE – 1981)

En 1982 commence l’aventure RADIO MANGO. LOUIS XAVIER est professeur dans le secondaire, musicien, il possède une solide formation musicale classique. Bien avant l’apparition des radios privées, il appartenait déjà à l’univers radiophonique, puisqu’il produisait et réalisait des émissions sur FRANCE CULTURE et FRANCE MUSIQUE. C’est tout naturellement qu’au moment de la libération des ondes, c’est à dire a la suppression du monopole d’Etat, par la loi du 29 juillet 1982, que 3 amis métropolitains journalistes PHILIPPE LEYMARIE, JEAN WAGNER et JEAN PIERRE BRUNEAU, sont venus à proposer à LOUIS XAVIER de créer une « radio libre » ensemble. Mais passer de la production-réalisation sur RADIO FRANCE à une radio libre n’offrait pas le même confort matériel ni les mêmes conditions de travail. Le service public donnait des garanties pour obtenir des résultats . Il y avait un cahier des charges qui définissait le statut de chaque intervenant participant à une production radiophonique avec leurs règles corporatistes. C’était toute une chaine de métiers qui comprenait à la fois une équipe de réalisation et un service technique. LOUIS était devenu polyvalent pour réaliser le produit final. Il était capable de tout faire, à la fois, l’animateur mais aussi celui qui assurait les fonctions de réalisateur-journaliste-illustrateur sonore-documentaliste-mixeur de son souvent sans collaborateur. Cependant, cette précarité technique était compensée par la perspective de pouvoir traiter des sujets qui ne concernaient pas les radios traditionnelles.

(RADIO MANGO – Histoire d’une radio libre Antillaise en région Parisienne 1982/1992 – AUDE DESIRE)

La démarche de LOUIS XAVIER est simple : à partir de compositions et d’arrangements où s’exprime son vécu d’immigré Afro—Antillais, il établit le dialogue en refusant de se laisser emprisonner dans un ghetto culturel étriqué et stérile. D’où, a travers ses créations, une inspiration mouvante faite d’une grande sincérité et d’une remise en question jamais gratuite.

Par hasard ou a dessein Louis XAVIER a toujours eu a ses cotés des musiciens d’aires géographiques et quelquefois culturelles différentes (…). Il en résulte une symbiose étonnante et détonnante : harmonieux mariage des tambours, piano, violon, saxophone, guitare, synthétiseur, flûte…, pour marquer des rythmes forts, rouler en inventions, en improvisations riches, au sein desquelles les musiciens, frères d‘une même famille, pétris de la nostalgie d’une réalité noire perdue ou simplement lointaine, et du refus du facile, du déjà dit, se parlent et nous parlent.

(…) LOUIS XAVIER a su rester Antillais, coller à son identité, à ses racines, et, dans le même temps, créer une musique où se fondent l’âme Antillaise, l’âme Africaine, le Jazz.

(PIERRE SAINT LOUIS AUGUSTIN)

LADJA : se réfère a la Capoeira, cette danse guerrière des Brésiliens, cette sorte de lutte très acrobatique, qui se pratique au son d’une musique spéciale, laquelle réglemente les différentes phase du combat,

DELITO : thème composé par LOUIS XAVIER en hommage au percussionniste Guadeloupéen ALAIN DELOS,

TROIS ILETS : nom de la commune Martiniquaise d’où est originaire le père de LOUIS XAVIER,

HELIX : du regretté JO MAKA, fait allusion a L.X., initiales du prénom et du patronyme de LOUIS XAVIER, c’est aussi le nom d’une fleur, qui s’ouvre voluptueusement au soleil,

STEPS : toujours de JO MAKA, en appelle à des pas de danse et aux marches d’un escalier qui doit mener a l’extase,

MISS BEE : nom de la compagne de JO MAKA.

MIGAN : en Créole, c’est le nom d’une spécialité culinaire à base de fruits de l’arbre à pain, de viande salée ou de porc salé. C’est le symbole d’une nourriture simple, savoureuse et revigorante. Ici, le symbole s’applique également à la musique très homogène que ces artiste Antillais, Africains et Métropolitains ont concoctée pour notre plus grand plaisir.

LOUIS XAVIER est un chercheur passionné, qui connait plus de choses sur les cultures noires que bien des ethnologues et musicologues. Comme je m’étonnais de l’existence d’arbres à pains aux Antilles, il m’explique qu’au temps des esclaves, les planteurs avaient importé de Polynésie ces arbres, qui assuraient une nourriture saine et bon marché. Bien entendu, les esclaves en firent une nourriture aussi délectable que le riz et les haricots rouges.

LOUIS ARMSTRONG terminait toujours ses missives par :

« Red Beans & Ricely Yours ! »

(JAZZ HOT – 1983)

Le Jazz (…) n’a plus le regard obstinément tourné vers la Grosse Pomme : l’étonnant contrebassiste antillais LOUIS XAVIER nous en fait la démonstration à la tête d’un combo sérieux (…). Cette fine équipe a choisi de sous-titrer son premier disque, LADJA : JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL. Cette musique est aussi forte et sensuelle que le punch du planteur. On en redemande déjà.

(LE NOUVEL OBS – 3 Juillet 1982)

JAZZ WITH A WEST INDIAN SOUL, traduction libre : « Du Jazz à la sauce Antillaise ». (…) Un mariage réussi, chaudement coloré, léger et le plus bel hommage rendu au talent de JO MAKA.

(LE MATIN – 8 Juillet 1982)

Exotisme à Paris, carrefour des Blackitudes. LOUIS XAVIER & LADJA font du Jazz sauce Caraïbes, solos tendres et tapis de tambour.

(ACTUEL – Juillet 1982)

LADJA est un disque souvenir, un disque hommage, un disque dédié á (…) JO MAKA. C’est avant tout un disque de copains fait par des copains. (…) enregistré en prise directe. (…).

(SANS FRONTIERE – Spécial été 1982)

LOUIS XAVIER à l’Escalier d’Or.

(…) Avec TALIB OUADIR KIBWE (USA – saxophones, flûte), YEGBA (CAMEROUN – saxophone), CHARLES AHMED BARRY (GUINÉE – guitare), BIBI LOUISON (MARTINIQUE – piano), AGYEMANG FREDUAH (GHANA – batterie), FRED « Junior » DESPLANDS (GUADELOUPE – percussions). (…)

Le Jazz de LOUIS XAVIER ne peut se réduire à des définitions comme « Jazz Afro-Antillais », « Jazz Caribéen » ou « Jazz Martiniquais ». C’est un Jazz à la fois tropical, intérieur et ouvert. Ça swingue doucement et calmement. Il y a quelque chose d’équilibré, une harmonie constante. C’est une musique qui lui ressemble, terrienne, qui peut manquer – qui a manqué — parfois de légèreté, mais qui transporte une chaleur dansante, une sincérité, des emballements passionnés, des cavalcades soutenues et joyeuses.

(LE MONDE – 31 Juillet 1982)
Gilbert Pounia sur Radio Nova !

Gilbert Pounia sur Radio Nova !

Artists, En français

Néo Géo de retour de la Réunion : Lindigo, Gilbert Pounia et Bamao Yendé

Une émission rythmée, entre maloya et électro tropicale !

Gilbert POUNIA : 

Néo Géo vous invite à vivre de nouvelles immersions dominicales dans l’actualité culturelle et sociale de la planète, un tour de la sono mondiale en 180 minutes, de 10h à 13h chaque dimanche matin, présenté par Bintou Simporé  avec Liz Gomis et le worldcrew de Nova. Au programme : portrait du jour, nouveautés musicales, revue culturelle d’ici et d’ailleurs, revue de presse internationale, bons plans, sessions live et worldmix sans oublier les invités, musiciens, écrivains et autres acteurs et créatrices culturels de notre « Tout-Monde ».

 

 

« Le retour en vinyle d’un album mythique »

« Le retour en vinyle d’un album mythique »

Artists, En français, Friends

Il y a 35 ans, Ziskakan enregistrait le premier double album de l’histoire musicale de La Réunion. La semaine prochaine, « Péi bato fou » sera de nouveau disponible dans une réédition vinyle. La bande-son de toute une époque.

Dossier : David Chassagne ¢ Photos : collection Philippe de Magnée

En 1983, c’était du grand art. De la magnifique pochette signée Philippe Turpin au moindre son de flûte en passant par des paroles engagées et poétiques, « Péi bato fou » avait été conçu pour être un événement. Et c’en fut un, grâce à des chansons devenues cultes, à commencer bien sûr par « Bato Fou« , signée Axel Gauvin, que Ziskakan doit impérativement chanter à chaque concert. Sinon, la foudre du public s’abattrait sur Gilbert Pounia et ses musiciens. « Péi bato fou » restera comme le premier double-album dans l’histoire de la musique réunionnaise et le voici réédité sous ce même format, en deux disques vinyle, disponible à partir du 19 février sur plusieurs plateformes (1).

C’est le label français « Rebirth On Wax » (« renaissance en cire »), qui a contacté le groupe pour lancer cette réédition qu’appelait de tous ses vœ“ux l’une des plus grandes fans du disque, Maya Pounia, la fille de Gilbert. Quant aux bandes-son, elles ont été fournies par l’homme qui avait enregistré Ziskakan au Crac de Saint-Denis en 1982 : le Belge Philippe de Magnée (lire son entretien par ailleurs). « Dans l’album Romans pou Rico, paru l’année dernière, figure déjà le remastering d’une cassette live de 1982, enregistrée salle Saint-Jean au Port, explique Maya. Pourtant, mon père n’était pas très chaud pour ressortir ces sons qui sonnent un peu vieux. Alors que pour moi, ils racontent toute une époque essentielle de la vie musicale réunionnaise ».

Du coup, republier « Péi Bato Fou » trottait depuis longtemps dans la tête de Maya Pounia. « Moi-même, je n’ai pas le vinyle ! Je l’ai trouvé dans une brocante, un jour, où un monsieur en vendait trois exemplaires à 60 ‚¬ pièce. Je voulais les avoir un peu moins cher, il n’a rien lâché ».

La réédition sera donc en tous points identique au double album original : douze chansons enregistrées en studio qui composent un disque et demi, tandis que la quatrième face contient trois titres enregistrés en public.

Seule différence de taille : la pochette, qu’il n’a pas été possible de conserver faute de réponse de la part de Philippe Turpin, l’auteur cilaosien des magnifiques gravures de l’édition de 1983. À la place, c’est un artiste de Lorient, Fritz Bol, qui a été choisi par le label métropolitain. Comme un clin d’œ“il de l’histoire, cette réédition, comme l’album original, sort un peu plus tard que la date prévue. À l’époque, Ziskakan avait voulu une sortie symbolique le 20 décembre 1982 mais des raisons techniques l’ont retardée. Cette fois, c’est l’engouement pour le vinyle qui a contraint à jouer avec le calendrier : idéalement « Péi Bato Fou » aurait dû sortir pour les fêtes. Ce sera finalement pour lundi, avec des concerts à suivre.

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Le Journal de l’ile de La Réunion
18/2/18
Entretien avec Philippe de Magnée

Entretien avec Philippe de Magnée

En français, Friends

 

Philippe de Magnée, à droite, avec Jean-Marie Thia Son Fat. L’ingé son avait bidouillé un système de double console pour enregistrer en live.

 

 

Depuis sa Belgique natale où il est installé, Philippe de Magnée, l’ingénieur du son du Ziskakan des débuts raconte des enregistrements très « système D ».

Comment un Belge se retrouve-t-il à enregistrer « Péi Bato Fou » en 1983 ?

« J’avais fait mes études d’ingénieur du son à Bruxelles avec un Mauricien, qui était réalisateur-caméraman. Quand il est rentré au pays pour faire du cinéma et de la télé, il s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’ingénieur du son professionnel. Il m’a appelé, je l’ai rejoint à ‘île Maurice en 1979.

Qu’aviez-vous comme matériel ?

Je suis arrivé avec trois micros et un appareil à bandes Revox. J’ai monté un petit sutdio et j’ai très vite été contacté par les chanteurs engagés de l’époque, comme Dev Virahsawmy, Zul Ramiah, le Grup Latanier puisque j’ai enregistré « Krapo Kriyé ». Pendant une fête de l’indépendance de l’île Maurice, le 12 mars 1980, Ziskakan était invité. Ma cassette de Grup Kiltirel IDP « Léritaz » venait de sortir. Gilbert Pounia me dit : « C’est ce son qu’on veut pour notre album ». Je suis parti à La Réunion avec mon Revox, mes trois micros et mon épouse.

Quel son vouliez-vous pour l’album ?

J’avais expliqué à Gilbert que, comme nous étions uniquement en acoustique, il fallait enregistrer en live dans un endroit avec de la reverb, ce qu’on appelle en créole « l’écho ». J’ai dit à Gilbert : « Il faut que tu me trouves une église ». C’est comme ça que le premier Ziskakan a été enregistré dans l’église du Port, de nuit et en live. Puis je suis revenu à Maurice mais j’ai été mis à la porte par Ramgoolam père, parce que j’avais enregistré « Krapo Kryié ». Cétait en 1982, la veille des élections. J’ai croisé Gilbert Pounia à Paris, dans le métro et il me dit : « Reviens t’installer à la Rénion et on enregistrera Bato Fou ».

Donc retour dans l’océan Indien !

Exactement. Je passe toute l’année 1982 à La Réunion. Les trois faces studio de Bato Fou ont été enregistrées au Crac de Saint-Denis (près du Jardin de l’Etat, NDLR), dans un grand local assez sourd. On avait trouvé un quatre-pistes, ce qui était une avancée par rapport aux deux pistes du précédent. Mais il y avait toujours ce problème de réverbération alors on a mixé dans le plus grand amphithéâtre de l’université à Saint-Denis. On a mis deux haut-parleurs et j’ai mis un couple de micros au fond, j’ai récupéré la réverb que j’ai mixée avec les quatre-pistes. C’est pour ça qu’on a cette couleur sur Bato Fou.

Où est enregistré le live de la quatrième face ?

Pendant la tournée Bato Fou. On avait un système de double console de mixage. Jean Marie Thia Son Fat faisait la balance et j’avais mis une console à côté. Tous les micros passaient par des « Y » que j’avais soudés et je mixais en direct les 16 pistes à fond au casque. On a enregistré six ou huit concerts.

Mais aussi les premières parties : Danyèl Waro, le groupe Flamboyant, la troupe Zordi du Port, Polo and Co, Baster… Ces morceaux-là ont été copiés sur des cassettes et je les ai retrouvés en fouillant chez moi. Je les ai mis sur mon site Filou-moris.com (lire par ailleurs). J’ai aussi enregistré la première cassette de Baster. Pour finir, on a sorti un label, Ziskakan Production. J’ai aussi enregistré les deux premiers albums de rock de La Réunion, ceux de Test et de Fun in the Sun avec Jean-Michel Pouzet. Je crois que 1983 est l’année où j’ai le plus travaillé de ma vie (rires).

D’où sortent les bandes qui permettent cette réédition vinyle de Péi Bato Fou ?

De chez moi. La bande originale était partie en France pour faire le double vinyle, et elle est perdue. Mais j’avais fait une copie de secours, dans une vitesse un peu plus lente mais qui donne un très bon résultat. À‡a a servi à refaire le master du vinyle. Le mastering consiste à reprendre les bandes, vérifier que le son n’a pas trop vieilli, remonter les aigus, essayer de retrouver à l’oreille le son que j’avais à l’origine.

www.clicanoo.re

Le Journal de l’Ile de La Réunion

18/2/18

 

PEI BATO FOU is coming soon !!

PEI BATO FOU is coming soon !!

Artists, Concerts, En français

Rebirth On Wax est très fier de vous annoncer la ré édition de PEI BATO FOU, album  emblématique et engagé de Ziskakan, c’est un véritable pan de l’histoire de l’Océan Indien et une pièce maitresse de la culture Créole Réunionnaise.

© 2018 Rebirth On Wax – Dessin, typographie et graphisme pochette par Fritz Bol

 2 soirées sont prévues pour célébrer l’évènement :

23 février 2017 au Zinzin (Grand Bois – La Réunion)

24 février 2017 au TEAT Plein Air (Saint Gilles – La Réunion)

Tout lékip Ziskakan i souet a zot in gayar nouvel ané ansanm domoun zot i yem ! mersi po zot soutyin, zot lantouraz ! nou retrouv a nou 24 Février dann Téat Plein Air po fé la fet ansanm ! É zot va giny trouv la nouvel édisyion du vynil « Péi Bato Fou » (Rebirth on Wax) ke va sortir dann le minm tan !

© 2018 Rebirth On Wax – Dessin, typographie et graphisme pochette par Fritz Bol
© 2018 Rebirth On Wax – Dessin, typographie et graphisme pochette par Fritz Bol